Intervention 1er février 2017 – Rassemblement devant le rectorat

Chers camarades, chers collègues,

Nous sommes aujourd’hui rassemblés devant le rectorat pour revendiquer le retrait du projet d’évaluation par compétences des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation.

Avant d’aborder cette question, et puisque le projet d’évaluation en découle, la tentation est trop grande de ne pas parler de nos carrières rénovées avec le volet « rémunérations » du PPCR (Parcours Professionnels, Carrières, Rémunérations).

De nombreux personnels auront découvert que leur salaire net de janvier est inférieur à celui de décembre. Le ministère vient en effet d’annoncer
qu’une grande partie des maigres augmentations indiciaires prévues est différée en mars.

Mais ce qui n’est ni différé ni étalé, c’est la nouvelle augmentation de la cotisation pour pension. Dans un communiqué, le ministère indique, je cite : «Par ailleurs, l’augmentation de la cotisation salariale de retraite de l’Etat dont le taux passe à 10,29% sera également portée sur le bulletin de paye de janvier ; augmentation qui peut avoir pour conséquence une baisse temporaire de la rémunération nette pour certains fonctionnaires, qui sera rattrapée dès février par l’effet de la hausse du point d’indice de 0,6%.» Fin de citation

«Par ailleurs…» !!! Depuis 2010, la décision prise par M. Fillon est appliquée scrupuleusement sous l’actuel gouvernement et le salaire net des fonctionnaires baisse chaque année : blocage de la valeur du point d’indice et augmentation de la retenue pour pension civile qui est passée de 7,85% du brut à 10,29% en janvier (elle devrait atteindre 11,1% en 2020, soit +3,25%). La perte de pouvoir d’achat s’élève à plus de 8%.

La baisse n’est donc pas temporaire, mais permanente depuis 6 ans !

Concrètement, la maigre augmentation (8,5€ dans le meilleur des cas) est grignotée par l’augmentation de la retenue pour pension ! On vous reprend de la main gauche ce qu’on vous donne de la main droite.

Le ministère tente de se rattraper en évoquant l’augmentation de 0,6% de la valeur du point en février, concédée sous la pression pendant le combat contre la loi travail. Mais compte tenu des pertes accumulées ces dernières années, et notamment depuis 2012, le compte n’y est décidément pas, pas plus qu’avec les quelques points d’indice qui sont annoncés pour mars.

Ce que nous revendiquons c’est + 8% du point d’indice et + 50 points pour tous : c’est le montant de la remise à niveau de nos salaires.

A présent, parlons des carrières rénovées avec le volet « projet d’évaluation ».

C’est celui qui vise à instaurer une évaluation sur des critères subjectifs, éloignés de nos missions premières, dans la même logique que le décret Chatel de 2012, abrogé grâce à notre mobilisation dans l’action commune des organisations syndicales.

Trois « grands rendez-vous» auraient lieu : au 6e et au 8e échelon pour « booster » d’un an la carrière puis au 9e échelon pour pouvoir prétendre accéder peut-être à la hors classe. Je ne vous parle même pas de la classe exceptionnelle réservée aux plus méritants.

Le chef d’établissement et l’inspecteur pourraient désormais évaluer par compétences les personnels en renseignant le même document. Ils repartiraient de zéro pour chaque « grand rendez-vous ».

La case « à consolider » ouvrirait la voie à un « accompagnement » tout au long de la vie en lieu et place du droit à formation.

Les commissaires paritaires seraient seulement tenus informés des réponses ou absences de réponses faites aux collègues qui auraient osé contester leur bilan. C’est donc une remise en cause du paritarisme et du rôle des commissaires paritaires qui représentent les intérêts des personnels.

Il n’est pas nécessaire d’aller chercher bien loin pour mesurer les conséquences néfastes d’un tel projet. Force Ouvrière a rappelé l’exemple dramatique de France Télécom avec la vague de suicides engendrés par l’abandon de la notation chiffrée au profit du bilan de compétences.

Et puis nous avons l’exemple des adjoints techniques et des personnels administratifs qui subissent déjà ce traitement depuis 2005.

De règles statutaires nationales et collectives, le simple passage de la notation chiffrée à l’évaluation a permis, en quelques années, l’instauration d’une gestion purement individualisée de l’ensemble de la carrière et même d’une partie du salaire.

Chaque année un entretien professionnel est censé faire le point sur l’année écoulée : manière de servir, force de proposition, comportement, éléments de progression, et objectifs annuels atteints ou pas fixés. Ces éléments purement subjectifs rendent l’agent responsable de sa situation professionnelle. On l’invite à expliquer ses incompétences ou difficultés et à trouver les solutions qu’il envisage de mettre en place pour s’améliorer. Pour couronner le tout, on lui demande aussi qu’il juge ses propres collègues.

Et de nouveaux objectifs pour l’année suivante lui sont fixés…

Le supérieur hiérarchique rédige ensuite un compte-rendu, pris en compte pour les promotions, pour l’accès à un corps supérieur, pour les mutations. Et tous les 3 ans se discute entre l’agent et son supérieur l’évolution de sa prime (augmentation, stagnation ou baisse). Les primes représentent au moins 15% du traitement des agents aujourd’hui.

Qu’on se comprenne bien. L’objectif du projet d’évaluation, c’est de tenter de mettre à genoux les personnels, de disloquer leurs statuts et garanties collectives, de les obliger à mettre en œuvre les réformes comme la loi de refondation de l’école de Peillon, Hamon et NVB qui éclate l’école républicaine fondée sur la transmission des savoirs en une multitude d’écoles autonomes.

Je le répète : nous sommes aujourd’hui rassemblés devant le rectorat pour revendiquer le retrait du projet d’évaluation par compétences des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation.

Le 1er février est une première journée de mobilisation et nous allons poursuivre la bagarre, en particulier le 7 mars prochain, aux côtés de nos camarades hospitaliers qui se battent contre les 22 000 suppressions de postes avec les groupements hospitaliers de territoires de Marisol Touraine.

Ce que nous réclamons, c’est le maintien des notations chiffrées régies par des règles statutaires nationales et collectives connues de tous. Nous refusons  l’individualisation des carrières.

A Force Ouvrière, nous restons et nous resterons indépendants. Ce qui nous guide, c’est la défense des seuls intérêts des personnels. Hier, nous avons combattu la réforme Chatel. Aujourd’hui, nous combattons celle de la ministre actuelle. Et demain, quel que soit le gouvernement en place, nous combattrons toutes les mesures régressives.

Ce projet ne doit pas aboutir : retrait du projet d’évaluation !