Du fric !

CARBURANT, fruits et légumes, électricité, gaz, etc. Tout est en hausse. Et les profits du CAC 40 suivent la même tendance. Les publications du premier semestre 2021 font état d’un montant record de 57 milliards d’euros de profits, ce qui fait dire à certains que les entreprises ont déjà réussi à effacer la crise.

Mais quid des salaires ? Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, prédit des augmentations de salaires début 2022 dans le secteur privé. Bien ! À Novoferm, à Machecoul, nos camarades ont obtenu une augmentation générale des salaires au niveau de l’inflation (2,8 %) à laquelle s’ajoute une prime de 300 €. À Arcelor Mittal, Force Ouvrière a obtenu une augmentation de 2 % avec un talon de 50 € et une prime exceptionnelle de 1000 € pour tous les salariés, les 7 000 du groupe incluant les 500 du site de Basse-Indre. À Leroy Merlin (trois magasins en Loire-Atlantique), au cœur de la galaxie « Mulliez », notre syndicat a obtenu une augmentation minimale de 65 €, ce qui correspond à une hausse de 3,9 % pour un salaire moyen d’employé.

Ces résultats positifs sont évidemment un encouragement à ne rien lâcher. À Auchan et face au refus de la direction de négocier,
les salariés sont appelés à cesser le travail le 17 décembre. Le 24 août dernier, la holding a en effet décidé de verser 750 millions d’euros aux actionnaires. Alors, de l’argent, il y en a !

Parallèlement, nous revendiquons une augmentation significative du SMIC. Rappelons qu’un peu plus de 2 millions de salariés du privé (13 %) sont payés au SMIC aujourd’hui. Malheureusement le gouvernement reste sourd à nos demandes. C’est le cas également pour les pensions des retraités et les rémunérations des fonctionnaires. Ainsi, hormis les deux revalorisations de 0,6 % en juillet 2016 et février 2017, la valeur du point d’indice de la fonction publique est gelée depuis 2010. La ministre Amélie de Montchalin évoquait le 5 juillet dernier une « rupture assumée avec les augmentations générales du point d’indice », en précisant qu’augmenter le point d’indice de 1 % coûterait 2 milliards d’euros par an.

La Fédération Générale des Fonctionnaires FO a dénoncé cette décision du gouvernement. 5 % d’augmentation du point d’indice pour commencer à « amorcer la pompe », cela représenterait 10 milliards d’euros. Attribuer les 49 points d’indice (183 € nets) à tous les fonctionnaires coûterait 10 milliards de plus. 20 milliards à mettre en parallèle avec l’augmentation de la fortune des milliardaires de 170 milliards en un an (+ 40 %), ce ne serait pas possible ? En tout état de cause, et comme pour le reste, c’est par la mobilisation que nous obtiendrons des avancées sur nos revendications.

Nos camarades du médico-social public de Mindin ont montré la voie. Le 28 mai dernier, après plusieurs mois de grève et de détermination, la fédération FO des Services Publics et de Santé signait un accord permettant aux personnels soignants titulaires et contractuels de la fonction publique hospitalière, qui exercent leurs fonctions dans des établissements publics ayant le statut d’établissement social et médico-social, de bénéficier du Complément de Traitement Indiciaire de 183 € nets à compter du 1er octobre 2021. Nous sommes le 15 décembre et le décret d’application n’est toujours pas sorti. Réponse du ministère : « nous n’avons pas eu le temps de l’écrire » ! Résultat : les personnels soignants (50 % de l’effectif à Mindin) n’ont toujours rien perçu. De qui se moque-t-on !? Et les éducateurs, les personnels administratifs et techniques attendent pour leur part de nouvelles négociations en janvier en espérant obtenir à leur tour des avancées concernant leur rémunération. Le résultat est le suivant : sur les 800 agents, une trentaine est partie et 15 postes sont vacants aujourd’hui, obligeant la direction à fermer le service du foyer d’accueil médicalisé (10 résidents) et de réduire la voilure. Mindin, c’est 390 adultes handicapés qui sont accueillis et il n’y a plus de nouvelles admissions, ni d’accueil temporaire. Mindin, c’est aussi 120 enfants en situation de handicap dans le cadre de l’IME (Institut Médico-Éducatif). Alors que cherche le gouvernement ? À fragiliser toutes ces structures ? Un enfant en IME représente un coût de 70 000 € pour la sécurité sociale, les départements et l’État.

Difficile de ne pas faire le parallèle avec la grève des professeurs des écoles et des AESH hier à Nantes (plus de 500 manifestants) contre la dégradation des conditions de travail et pour un statut de fonctionnaire pour les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Sept enfants en situation de handicap sur 10 (contre 5 sur 10 en 2008) sont scolarisés en milieu scolaire ordinaire. 1 500 élèves sur les 7 700 que compte le département ne sont pas scolarisés dans des conditions satisfaisantes selon l’ADAPEI. Il y a un manque de moyens (AESH en particulier) et la prise en charge dans une classe ordinaire de certains élèves atteints de troubles du psychisme par exemple crée un climat de tension ingérable et nuit à l’instruction de tous. Force Ouvrière est favorable à l’inclusion, mais la scolarisation des élèves en situation de handicap dans les classes ordinaires doit s’organiser au cas par cas. Elle ne doit pas être l’occasion pour le gouvernement de faire des économies en réduisant les capacités d’accueil des structures spécialisées.

Par ailleurs, en cette fin d’année 2021, et à quelques mois des élections présidentielles, certaines organisations syndicales nous invitent à un front large contre « les idées d’extrêmedroite ». Nous n’avons aucune sympathie pour « les idées d’extrême droite ». Mais ce qui nous préoccupe en priorité, c’est la politique inouïe du gouvernement et de Macron contre la classe ouvrière et ses conquêtes sociales.
Alors l’urgence, plus que jamais, est de revendiquer !

Édito par Michel Le Roc’h,
secrétaire général de l’Union départementale CGT-Force Ouvrière de Loire-Atlantique