Blanquer, zélé serviteur de la Cour des Comptes
Le pas de deux de Blanquer et de la Cour des Comptes, complices pour en finir avec le cadre national et républicain de l’école.
Fin 2021, la Cour des Comptes a publié coup sur coup un rapport sur la gestion des absences des enseignants prétendant « garantir la continuité pédagogique », et une note sur l’enseignement scolaire préconisant « une école plus efficacement organisée au service des élèves ».
Après avoir inspiré, par des rapports antérieurs, l’alourdissement de nos obligations de service (décret du 20 août 2014), ou encore la réforme du baccalauréat, la Cour des Comptes entend désormais définir les prochaines « réformes » pour aller encore plus loin dans la remise en cause des statuts et de l’instruction. Le moins que l’on puisse dire est que ses préconisations sont Blanquer-compatibles.
ON PEUT DISCUTER DE TOUT, SAUF DES CHIFFRES… MAIS L’IMPORTANT EST CE QU’ON VEUT LEUR FAIRE DIRE
La publication, le 2 décembre, du rapport sur le non-remplacement des professeurs absents, a aussitôt donné lieu à de nombreux articles et commentaires dans la presse, sur les 10% d’heures de cours non assurées (selon la Cour des Comptes) et le coût des absences estimé dans le premier et le second degrés à 4 milliards d’euros.
Mais qui est responsable du tarissement des recrutements, des services morcelés, des conditions insupportables imposées aux TZR et aux contractuels, ces derniers devant parfois dépenser plus que leur (maigre) salaire pour aller faire des suppléances aux quatre coins des académies ? C’est bien le ministre qui est responsable de la suppression des postes. Or, la Cour des Comptes n’en parle pas !
Pour la Cour des Comptes, peu importe que les absences soient en grande partie dues au fonctionnement même de l’Education Nationale (on n’est pas devant sa classe quand on est en correction d’examen, en sortie scolaire, en formation…), et peu importe que la proportion d’enseignants absents pour cause de maladie ordinaire soit inférieure à celle des salariés du privé et des autres ministères (page 11 du rapport) ! Le mal est fait, et elle peut alors asséner ses préconisations.
POURSUIVRE LES RÉFORMES BLANQUER POUR ALLER PLUS LOIN DANS LA DESTRUCTION DES STATUTS
Pour la Cour des Comptes, même si le décret du 20 août 2014 (décret Hamon, combattu par FO) « a constitué une avancée » par l’élargissement des obligations de service, il faut aller encore plus loin dans la redéfinition de ces obligations et dans l’annualisation : « la nouvelle organisation du lycée et la réforme du baccalauréat constituent une opportunité pour réviser le rythme de travail hebdomadaire des enseignants », « l’article 38 de la loi pour une école de la confiance ouvre des perspectives en prévoyant la possibilité, avec l’accord des professeurs, de réaliser des expérimentations modifiant la répartition des heures d’enseignement sur l’année scolaire » (page 66 du rapport) ; « annualiser les heures de service des enseignants du second degré, afin, d’une part, de réduire les absences institutionnelles, notamment celles liées aux formations et au travail pédagogique, et, d’autre part, d’améliorer le remplacement des absences de courte durée des enseignants » (page 79). Lire la suite